mercredi 10 août 2016

Lecture commentée : En attendant Godot - Samuel Beckett

Titre : En attendant Godot

Auteur : Samuel Beckett (1906-1989)

Date de parution : 1953

Mon édition : Editions de minuit

Le prix auquel je l'ai acheté : emprunté

Genre : Théâtre (absurde)

Nombre de pages : 134 (deux actes)

Résumé :
     Lieu inconnu. Lieu qui ne ressemble à rien. Un arbre. Deux hommes : Estragon et Vladimir. Que font-ils là ? Ils attendent. Qu'attendent-ils ? Ils attendent Godot ? Au travers de personnages attachants et merveilleux, au travers de l'absurdité du style et des répliques, Beckett rend hommage au temps et nous fait voyager dans les horloges que l'on ne connaît pas.

Personnages :

Estragon : ami de Vladimir et protagoniste, personnage capricieux et relativement immature qui a toujours envie de s'en aller, de dormir et d'enlever ses chaussures.

Vladimir : ami d'Estragon, personnage plus raisonnable et raisonné, qui attend en vain Godot.

Pozzo : personnage que rencontrent Estragon et Vladimir à la moitié de chaque acte. Il se fait maître de Lucky. Il est aveugle et à terre dans le second acte, alors que tyran dans le premier.

Lucky : personnage se faisant tirer au moyen d'une corde par Pozzo. Il est le porteur des affaires de Pozzo, notamment de sa valise pleine de "sable"... Il sait danser et penser.

Garçon : à chaque acte, il apporte la nouvelle suivante : Monsieur Godot ne viendra pas ce soir, il viendra sûrement demain.

Mon avis :

     Beckett est aussi fantastique que l'est son Godot. Un style tout à fait époustouflant où l'on retrouve la fibre anglaise qui maîtrise à merveille l'absurde, une profondeur à couper le souffle, et des personnages qui tirent des larmes. C'est là tout ce qui est intéressant dans cette pièce : ce n'est pas de l'absurde comme on a tendance à en concevoir beaucoup : non, Beckett renouvelle la vision de l'absurde pour montrer au public ce que c'est véritablement que ce style littéraire - car oui, il s'agit de littérature ! L'absurde, et Beckett nous le rappelle, ce n'est pas que de la comédie où il ne faut pas chercher de sens, ni de la tragédie où il faut chercher à tout comprendre ; non, l'absurde, c'est l'absurde, c'est unique, tout comme l'est Beckett. En attendant Godot est tout simplement un chef d'oeuvre symphonique, mené par un chef d'orchestre hors pair.
     Mais ce qui fait de cette pièce ce qu'elle est, c'est avant tout ses personnages. En effet, le décors est très pauvre et surtout quasiment le même entre les deux actes - hormis l'arbre qui gagne des feuilles au second acte. De plus, les protagonistes ne sont au nombre que de deux, de même que les personnages secondaires. Aussi Beckett a-t-il été dans l'obligation de créer quatre personnages qui ne sont pas qu'une superficialité monotone et inutile : ils sont charmants, profonds, drôles et poignants à la fois.
     Enfin, ce qui me paraît le plus attirant et éblouissant dans cette pièce, c'est bien entendu Godot. Qui est Godot ? Qu'est-ce que Godot ? Peut-être rien, peut-être pas. Du début à la fin, c'est la grande question du lecteur - ou spectateur. Mais Godot, c'est plus qu'un simple fil rouge : c'est toute la profondeur du texte. En effet, l'on peut aisément remarquer que "Godot" pourrait venir de l'anglais "God", Dieu. Cette hypothèse apporterait énormément de sens à la pièce : pourquoi ne peuvent-ils pas partir ? Parce qu'ils attendent Godot, mais Godot ne vient pas. Pourquoi ? Car il dit "demain". Voilà enfin l'histoire de la routine humaine. Oui, la routine, voilà ce que veut dire cette pièce : c'est un hommage au temps - que l'on comprend encore mieux avec la métaphore du sable dans la valise portée par Lucky. Et ce qui est étrange, c'est l'intemporalité des personnages, des lieux, et l'incohérence temporelle. Car oui : l'homme a-t-il besoin du temps ? Le monde en a-t-il besoin ? Car qu'est-ce que le temps ? Le temps, pour les personnages, c'est une chose qui passe, et qui ne revient pas, alors que la vie, elle, avance avec lui, sans pouvoir le rattraper. Vladimir et Estragon, ce sont deux personnages à la conquête du temps qu'ils sont perdu et qu'ils continuent de perdre encore et encore, jusqu'à ce qu'arrive Godot...

Ma note :

Critères
Barème
Écriture
12/16
Style

04/04
Fluidité

02,5/03
Richesse du vocabulaire

02/04
Difficulté de compréhension

02/03
Mouvements du texte ( plat, très dynamique, alterné )

1,5/02
Histoire
17/19
Intérêt

03/03
Importance des personnages et familiarisation entre eux et le lecteur

03/03
Captivant ou ennuyeux ?

05/06
Émouvant ?

04/05
Crédibilité / Cohérence

02/02
Le livre
03/03
Goût personnel
02/02
Total
34/40

17/20

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire