samedi 14 mai 2016

Lecture commentée : Quatre-vingt-treize - Victor Hugo

Titre : Quatre-vingt-treize

Auteur : Victor Hugo (1802 - 1885)

Date de parution : 1874

Mon édition : Rencontre Lausanne

Le prix auquel je l'ai acheté : 2-5€

Genre : Roman

Nombre de pages : 478

Résumé :

     L'histoire débute avec le débarquement en Bretagne du marquis de Lantenac, prenant la tête de la révolte contre-révolutionnaire de Bretagne contre les partisans de la République. Il sera traqué par les révolutionnaires, et en particulier par son neveu, Gauvain, passé de leur côté, lui-même surveillé par son tuteur Cimourdain, mandaté par le Comité de Salut Public.
     On assiste à la confrontation de deux modèles, de deux visions de l'Histoire, de deux systèmes de Valeurs. Le marquis de Lantenac incarne l'Ancien Régime, celui du Sacré, de la Tradition, de la Fidélité, de l'anti-matérialisme au profit du spirituel, tandis que son neveu incarne le modernisme et l'idéalisme révolutionnaire et républicain. Un troisième personnage plane sur ce livre et éclipse ces deux protagonistes par le caractère fouillé qu'en donne Hugo, il en est le personnage principal, il s'agit de Cimourdain, l'envoyé du comité de salut public, ancien prêtre qui fut appointé par Lantenac pour être le précepteur de Gauvain à qui il a transmis son idéal républicain. Mais autant Gauvain illustre la République dans sa magnanimité, sa fraternité, autant Cimourdain est la face noire, inflexible de la Révolution, pour reprendre une expression de Hugo « la ligne droite qui ne connaît pas la courbe », ce qui signifie qu'il ne veut pas connaître l'humain, ses sentiments ; il poursuit un idéal de justice impitoyable. Simon Sebag Montefiore dans son ouvrage Le jeune Staline, affirme que celui-ci aurait lu Quatrevingt-treize dans sa version traduite en russe, éprouvant beaucoup d'admiration pour le personnage de Cimourdain le révolutionnaire inflexible. Outre Cimourdain, les pauvres hères représentés par 3 enfants abandonnés sont les héros de ce livre, chacun portant en soi le drame et sa propre fin.

Mon avis :

     Lorsqu'on songe à la Révolution française, ou qu'on en parle, on pense ou dit souvent : "la Révolution de 1789". Ainsi réduit-on cette page de l'Histoire à son simple commencement. Parle-t-on de la guerre de 1914 ? De celle de 1939 ? Pas ou peu. En revanche, on dit : la révolution bolchevik de 1917, mais ce seulement car cette révolution-ci n'a duré que sur l'an 1917. Il n'en est pas de même pour la Révolution française, initiée certes en 1789, mais qui s'étend plus loin encore ! C'est ce que nous rappelle Hugo dans Quatre-vingt-treize, année où la Terreur commença à frapper la France.
     Il y a donc dans Quatre-vingt-treize une vision historique très intéressante. Néanmoins, bien que certains passages fassent partie de ce qu'on nommera la description de Hugo, l'auteur met également en avant dans ce roman les deux autres dimensions de son écriture : la narration et l'embellissement. En effet, dès le premier chapitre, Hugo embarque le lecteur avec une narration palpitante et extraordinaire. Hugo nous guide à merveille à travers les chemins de son oeuvre. Malgré une coupure dans le premier tiers du roman avec sa description historique, il reprend vite la narration et, jusqu'à la fin du roman, nous guide en nous racontant une histoire. De plus, Quatre-vingt-treize est l'expression parfaite et complète du style de Hugo en cela qu'il y met en avant, malgré un détail et un aspect cru dans ses descriptions, son embellissement romantique.
     Ce qui est étonnant dans ce roman est l'intrigue. En effet, on ne sait pas, lecture finie, quelle est l'intrigue principale. Le roman commence avec Michelle Fléchard : on pense que l'intrigue tournera autour d'elle. Il continue avec Dol et la Tourgue, avec le duel Lantenac/Gauvain : on pense que l'intrigue porte là-dessus. Or, je pense que l'histoire est autour des enfants, Gros-Alain, Georgette et René-Jean, qui sont les protagonistes en cela qu'ils sont le fil conducteur comme Jean Valjean l'est dans Les Misérables. En effet, le fait que Hugo mette en scène des enfants dans un monde d'adultes et de terreur est extrêmement intéressant et met en lumière la dureté de la Terreur.
     Venons-en d'ailleurs à l'intérêt du texte. Quatre-vingt-treize va au-delà de l'a priori qu'on pourrait en avoir, à savoir que c'est un roman historique narré. Quatre-vingt-treize est davantage une histoire romanesque ancrée dans un contexte historique, certes important, mais pas prépondérant. L'intérêt se trouve également dans la sensibilité que met Hugo à mettre en scène des personnages complexes - Gauvain, Lantenac - et des personnages attachants - Michelle Fléchard, les trois enfants, Halmalo - dans des situations difficiles. De plus, les derniers chapitres, notamment celui de la réflexion de Gauvain à l'emprisonnement de Lantenac, proposent une réflexion très intéressante sur la morale et la liberté.
     En conclusion, Quatre-vingt-treize est un roman à l'intrigue ambiguë mais narrée de telle sorte qu'on s'y accroche, le tout inclus dans un contexte historique précis, et écrit par l'auteur à mon sens le plus prenant, envahissant et vertigineux de tout le XIXème siècle : Victor Hugo.


Ma note :

Critères
Barème
Écriture
13/16
Style

04/04
Fluidité

02/03
Richesse du vocabulaire

04/04
Difficulté de compréhension

02/03
Mouvements du texte ( plat, très dynamique, alterné )

01/02
Histoire
16,5/19
Intérêt

03/03
Importance des personnages et familiarisation entre eux et le lecteur

03/03
Captivant ou ennuyeux ?

05/06
Émouvant ?

04/05
Crédibilité / Cohérence

01,5/02
Le livre
03/03
Goût personnel
02/02
Total
34,5/40

17,25/20

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