samedi 23 janvier 2016

L'Inconnu

L'Inconnu

A quoi il sert de s'égosiller si personne ne vous entend ?
A quoi il sert de se manifester si rien ne vous regarde ?
A quoi il sert d'exister, enfin, si tout vous rappelle que vous n'êtes
Qu'un rien parmi les autres ?

Dans les abîmes de l'invisibilité,
L'Inconnu se terre. Il parle et fuit,
Se montre et s'absente, s'appuie et s'oublie.
L'Inconnu de tous est pris de l'illumination
Que quelqu'un puisse s'intéresser à son grain,
Son individualité, mais il n'en est rien ;
Son illusion s'estompe, s'efface,
Et se brûle dans l'âtre du commun.

L'Inconnu est ce fantôme qui vogue,
Ce vent qui fait frémir,
Cette bête que l'on expulse,
Et pourtant cet air que l'on souffle.

L'Inconnu reste fidèle à son nom ;
Personne ne semble savoir qu'il existe ;
On le crache d'un aspect mécanique,
Le soufflons comme une poussière qui gêne,
Mais par habitude, puis lassitude.

Jamais l'Inconnu n'est reconnu,
Ni même connu ou simplement nommé.
Ceux qui ne sont personne sont pourtant
Le vent de nos prairies,
Les machines de nos farines,
Les orateurs de nos destins,
Les nettoyeurs de nos saletés.

Les riens ne sont rien,
Et pourtant ils sont tout le monde.
Les Inconnus sont les dessous de tout,
L'infrastructure où brûlent les laves
Du volcan de l'univers, grouillant de monde
Que l'on connaît et qui vivent dans la fournaise hurlante
Des douleurs inconnues,
Ces douleurs venues d'ailleurs
Et que l'on n'entend pas,
Le sang d'en-bas que l'on ignore,
Enfin les ténèbres qui enclenchent
Les rouages du monde d'au-dessus.

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