samedi 23 janvier 2016

Lecture commentée : La Femme au miroir - Eric-Emmanuel Schmitt

Titre : La Femme au miroir


Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt (né en 1960)


Date de parution : 2011


Mon édition : Albin Michel


Ma collection : Le livre de poche

Le prix auquel je l'ai acheté : 5-10€


Genre : Roman


Nombre de pages : 476

Structure du livre : 42 chapitres

Résumé :

     Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale de Sigmund Freud, Anny à Hollywood aujourd'hui. Toutes trois se sentent différentes de leurs contemporaines ; refusant le rôle que leur imposent les hommes, elles cherchent leur vrai destin. Trois femmes dans trois époques différentes qui vont néanmoins se tendre la main... Et si c'était la même ?

                               

Les personnages :

Anne de Bruges : jeune fille à l'époque de la Renaissance, à Bruges (France). Un jour, alors qu'elle devait se marier au bel et intelligent Philippe, elle fuit dans la forêt. Là, elle connaît quelque chose qu'elle ne soupçonnait pas exister : la fusion totale avec la nature. Elle communique avec les arbres, avec le loup, les animaux en général. Alors Anne, à la rencontre du prêtre vagabond Braindor, va mettre sa fusion avec la nature sous le nom de communication avec Dieu. Or, la seule chose dont elle soit convaincue, alors que Braindor la prend pour une sainte, c'est que  le mot Dieu n'est qu'un mot parmi les autres : s'ils veulent le nommer ainsi, qu'ils le nomment donc ainsi. Puis la belle lumière qu'est Anne entre en béguinage, avant d'être finalement accusée de sorcellerie et brûlée, digne, sur le bûcher aux sorcières.

Tante Godeliève : tante d'Anne, qui la chérit comme sa fille. Mère d'Ida, de Bénédicte et de Hadewijch.

Ida : fille aînée de Godeliève. Elle détestera toujours Anne. Après l'incendie de la maison qu'elle a provoqué à Bruges mais qui a mal tourné, elle se retrouve marquée de multiples brûlures, un oeil de moins. Alors, lorsqu'elle entend, dans les rues de sa ville chérie, les enfants la traiter en hurlant de sorcière, elle tente de se pendre. Mais Anne, avec Braindor, arrivent à temps pour la descendre au sol. Alors elle maudira Anne de ne pas lui laisser le plaisir, la délivrance ! de mourir. Elle l'accuse de sorcellerie.

Grand-mère Franciska : grand-mère par adoption d'Anne. Grand-mère biologique d'Ida, Bénédicte et Hadewijch. Mère de Godeliève.

Philippe : époux prétendu pour Anne au début du roman. Il ne deviendra par la suite plus qu'une pensée, un simple mot.

Bénédicte et Hadewijch : cousines d'Anne. Filles de Godeliève. Sœurs de Bénédicte et Hadewijch. Elles ne sont dans le roman que des figurantes.

Braindor : curé vagabond nourrissant de miches de pain Anne lors de ses premiers jours en forêt. Plus tard, il la prendra pour une Élue de Dieu et veillera sur elle tout au long du roman, jusqu'à détourner son regard lors de la mise à mort d'Anne.

La Grande Demoiselle : dirigeante du béguinage. Elle est empoisonnée par Ida, bien que ce soit Anne qui en soit accusé.

L'archidiacre : religieux qui, au moment d'accueillir Anne, la voit plus comme une impie que comme une sainte, une Élue de Dieu.

Hanna Waldberg : jeune épouse de Franz Waldberg, elle habite à Vienne. Malheureuse et frustrée dans son mariage, alors qu'elle ne trouve rien à reprocher à son époux, elle s'en écarte peu à peu, avant de fuir, dans la seconde moitié du roman, pour d'autres villes diverses d'Europe. Avant son départ, elle avait commencé à suivre une thérapie psychanalytique avec le docteur Calgari ; plus tard, elle finira elle-même psychanalyste. De tous les personnages, Hanna est celui qui évolue le plus : de femme enfermée dans son mariage, elle devient une femme extrêmement libre et volage.

Franz Waldberg : mari de Hanna.

Margaret Bernstein, née Pitz, alias Gretchen : destinataire des lettres de Hanna. Bien que Hanna la considère souvent comme sa cousine ou sa grande sœur, elle n'est en réalité que sa "sœur adoptive", de dix ans son aînée.

Tante Vivi : tante de Hanna, qui lui servira de confidente et de conseillère tout au long du roman.

Docteur Calgari : psychanalyste de l'époque de Freud, qui pratiquera d'abord sur Hanna les principes simples de la psychanalyse, puis l'hypnose, avant de conclure la thérapie.

Anny Lee : grande star Hollywoodienne des années 2010. Entre alcool, drogue et sexe, Anny est enfermée dans le tourbillon américain d'aujourd'hui. Cependant, elle sait qu'elle est différente, qu'elle mérite mieux ; là où tout le monde lui envie son succès, son flamboiement international, elle ne voit dans son métier que le reflet de ce qu'elle n'est pas : elle-même. Anny tentera de s'en sortir. Elle finira par faire ce qu'elle aime, en incarnant en Europe Anne de Bruges.

Ethan : d'abord infirmier d'Anny, il devient vite son ami, puis son petit-ami, le seul qu'elle apprécie parmi les autres. 

David : homme avec lequel Anny comptait avoir une véritable histoire, mais qui se révèle être un homme comme tous les autres : un salaud. 

Johanna : agent d'Anny. Elle est l'archétype du monde Hollywoodien : elle est sans cesse sur le dos d'Anny, toujours pour plus, et plus et plus ! d'argent. 

Sac-Vuitton : actrice dépassée avec laquelle Anny tournera un film. Elle doit son surnom à ses nombreuses chirurgies esthétiques ratées. Elle est, comme Ethan, un personnage qui s'échappe du monde artificiel, pour entrer une part de vérité dans l'esprit d'Anny. Elle est peut-être sa seule véritable amie.

Zac : réalisateur du film, archétype de celui avec qui l'on couche une fois et qui, ensuite, est trop lascivement insistant.

                               

Mon avis :

     Pour ceux qui auraient déjà lu La Part de l'autre, sachez que La Femme au miroir est bien différent. En effet, je n'ai pas retrouvé dans ce roman l'effet "bombe" que j'avais - plus que senti - vécu ! dans La Part de l'autre. Il y a donc une certaine déception de ce point de vue là. De même, en lisant le résumé, je m'attendais à une intrigue beaucoup plus complexe, et à ce que Schmitt mette vraiment le point sur la différence de ces femmes. In fine, l'histoire reste relativement simple et peut-être pas à la hauteur des exigences que l'on a de ce sujet. Néanmoins, il convient, à mon sens, de s'interroger quant à le "non-effet bombe" de ce livre. En effet, n'est-ce pas une bonne chose, au final, que ce roman soit calme, serein ? Schmitt, en gardant cette atmosphère fluide et légère a peut-être voulu mettre en avant le fait que ce livre n'est pas un livre - comme on pourrait le penser de prime abord - ni féministe ni blasphématoire - car les femmes y sont défendues et la religion critiquée. Or, la religion n'est pas critiquée comme elle le serait dans un pamphlet quelconque, ou toute oeuvre blasphématoire ; Schmitt, à travers les propos d'Anne, nous expose l'illogisme qu'est la richesse des églises. Le point très intéressant, enfin, dans ce livre, est la fin, lorsque les trois personnages se croisent. L'auteur, en faisant lire et étudier le livre d'Anne de Bruges à Hanna et faire jouer son personnage à Anny, montre que le destin des femmes a certes évolué dans la forme mais, dans le fond, elles sont toujours enfermées dans la spirale de leur temps, et l'évasion en est complexe, trop complexe ! Alors Schmitt nous fait un mélange parfait de ces trois personnages, pour que dans les dernières lignes du roman Anny, la représentante actuelle de Anne puis de Hanna, meurt, brûlée sur le bûcher des studios européens. 
     En parallèle, nous reconnaissons la passion de Schmitt pour monsieur Sigmund Freud, et particulièrement les principes qu'il énonce quant à la psychanalyse. Le personnage d'Hanna vante en effet dans ce livre palpitant mais léger, volage, les mérites et les bénéfices de la psychanalyse freudienne. 

                               

Ma note :

Critères
Barème
Écriture
14,5/16
Style

04/04
Fluidité

03/03
Richesse du vocabulaire

03,5/04
Difficulté de compréhension

02,75/03
Mouvements du texte ( plat, très dynamique, alterné )

01,75/02
Histoire
16/19
Intérêt

2,5/03
Importance des personnages et familiarisation entre eux et le lecteur

02,5/03
Captivant ou ennuyeux ?

05/06
Poignant ?

04/05
Crédibilité / Cohérence

02/02
Le livre
02/03
Goût personnel
02/02
Total
34,5/40

17,25/20

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