mercredi 2 décembre 2015

Lecture commentée : L'Arbre de Noël - Michel Bataille

Titre : L'Arbre de Noël

Auteur : Michel Bataille (1926 - 2008)


Date de parution : 1967

Mon édition : Julliard

Ma collection : Le livre de poche

Le prix auquel je l'ai acheté : emprunté

Genre : Roman

Nombre de pages : 285

Structure du texte : 52 chapitres

Résumé :

     Un homme et un enfant achèvent leurs vacances en Corse. Ils découvrent une crique enchanteresse, mettent à l'eau leur canot. Au-dessus d'eux, un avion explose. Un container éventré tombe près d'eux. L'avion portait une charge atomique. Pascal, l'enfant, est contaminé. Les médecins avertissent son père, Laurent Ségur, qu'il a au maximum trois mois à vivre. Laurent décide d'emmener l'enfant aux Tours d'Hérode, le château qu'il possède en Auvergne et, dans un premier temps, le bon air semble faire son effet. La joie aussi. Laurent et un ami sont allés dérober un couple de loups pour Pascal qui rêvait d'en posséder. Alors commence dans le château médiéval une existence hors du temps, hors du réel, pour l'homme et l'enfant condamné et qui le sait. Une existence fabuleuse. Et Noël approche, Noël et ses neiges et son arbre que l'enfant décore - date fatidique, temps de prodiges et de miracles pour les hommes de foi, mais quelle foi garder dans ce XXe siècle créateur d'engins de mort. C'est l'interrogation passionnée de ce roman contemporain aux accents poétiques de légende. 

Extrait :

"Nous subirons bravement la chasse, voilà tout, aussi bravement que nous pourrons, en bons loups gris qui savent leur métier : courir et se taire longtemps. Nous avons de bonnes jambes et parfois du courage. Nous ne nous déroberons pas. Nous courrons jusqu'au bout de nos forces, au bout de notre vie, au bout de notre peine, "perçant toujours droit en avant". Et quand nous serons au bout de notre vie, à la fin de nos forces, au terme de nos peines, nous tomberons, haletants. Mais nous jouerons encore au grand jeu de la mort. Nous nous regarderons toujours, avec une insistance déplacée qui vous mettra, malgré votre fausse victoire, dans un état de profond malaise. Nous sommes durs à mourir, nous les loups. Nous regardons la vérité en face. Couchés à terre, nous verrons luire la lame de l'arme funèbre et nous ne broncherons pas. A peine demeurera-t-il en nous un peu de colère, que vous lirez dans notre regard. Mais vous n'y verrez pas de crainte. Simplement, pendant que vous nous tuerez, nous vous regarderons fixement, de nos yeux perçants qui brillent dans la nuit. Et vous pressentirez alors, avec un frisson d'épouvante, que de longues années plus tard encore, le souvenir de ce regard pénétrant vous hantera et gâtera votre sommeil. Car nous vous aurons regardés sans haine, sans amertume, sans aucune considération."

                               

Personnages :


Pascal, dit "l'enfant" : fils de Laurent Ségur. Sa mère est morte quand il était plus jeune. Il a 10 ans, vit d'abord avec son père à Paris, puis, dans ses derniers jours de vie - car il est atteint de leucose -, il vivra aux Tours d'Hérode, en Auvergne. C'est un enfant perspicace, simple, qui aime les loups et les "tracteurs bleus", et qui fait preuve d'une grande sagesse face à sa mort prochaine : une grande maturité, plus en cet enfant que chez les adultes du roman. A remarquer aussi que Pascal porte en tant que prénom le nom du célèbre Blaise, connu pour la sagesse de ses pensées. 

Laurent Ségur : père de Pascal. On ne connaît pas précisément son travail ; il travaillait dans des bureaux, à Paris. Il quitte tout après avoir su que son fils était malade, pour se réfugier dans ses Tours d'Hérode. Il est le narrateur : "je". C'est lui qui raconte son histoire et celle de son fils, et c'est ainsi son point de vue de père que l'on a.

Victoire : compagne effacée de Laurent. Belle et jeune femme. Elle rencontre Laurent alors qu'il a déjà 45 ans. Elle est la lumière qui l'attend. La mort progressive de l'enfant apparaît dans le roman comme l'intérieure d'une parenthèse. Ce qu'il y a avant, c'est Victoire, et ce qu'il y a après, c'est Victoire. D'ailleurs, son prénom n'est pas anodin. Il représente sans doute la Victoire de Laurent : il a de l'argent, un enfant, mais, au final, perd son enfant, et son argent, par délaissement. Victoire n'est alors la seule victoire de sa vie, la seule lumière qui le maintienne. Le seul "je t'aime" qui arrive dans les Tours d'Hérode. Elle est d'ailleurs, outre la feue mère, la seule femme du roman.

Verdun : ami de longue date de Laurent. Grand complice avec l'enfant. Il est le camarade de Laurent pour le vol des loups. Il est un peu l'allégorie du Soutien, mai aussi il est le personnage qui reste debout quand tout s'écroule. En effet - et voilà sans doute l'origine de son nom -, il soutient constamment son ami, le réconforte, lui dit que tout n'est pas perdu. Il se bat pour lui, comme les soldats de Verdun se sont battus pour les civils de la France. .

                               

Mon avis :

     En empruntant ce livre, j'avais un a priori. Le résumé que j'avais lu me donnait l'impression d'un livre qui en faisait trop, d'un livre banal aussi, mais qui se lirait vite. Cependant, j'ai dès les premières pages été agréablement surpris.
     En effet, d'abord, le style de l'auteur est extraordinaire. Je ne m'attendais pas à une telle écriture, une telle littérature. Lorsqu'on ouvre ce livre, on sait que c'est Bataille et personne d'autre. Il a en effet un français bien à lui, des expressions qui sortent de l''ordinaire, et une subtilité précise à couper le souffle. Il nous tient, du début à la fin, et ce, certes, par l'histoire, mais surtout par la profondeur qu'il y met. Car Bataille, en écrivant l'Arbre de Noël, ne cherche, je pense, pas à raconter une histoire, mais à en raconter l'intérêt. Il y a derrière cette histoire d'enfant qui tombe malade et de père désespéré bien plus que cela. Ce roman propose une réflexion sur le siècle qui s'écoule et celui qui arrive, sur l'arme nucléaire, l'effet papillon, la vie tout simplement, mais la vie dans ce monde qui devient trop insécure. Comme le dit le résumé, comment garder la foi, et quelle fois, dans ce monde d'aujourd'hui et sans doute de demain. Quant à cette foi, il me semble juste de faire remarquer l'évolution de la foi de Laurent au cours du roman : dès le début, il annonce qu'il ne croit en rien, très cartésien qu'il est ; cependant, au fur et à mesure que le roman avance, il se rapproche de Dieu et des prières, même s'il ne sait "pas faire", comme il dit. Et cette foi se crée dans une histoire apocalyptique, si l'on peut le dire ainsi. Bataille met en place le feu des guerres inter-étatiques, de la guerre nucléaire prochaine qu'il estime probable. Il met en place dans ce livre les conséquences d'une bombe nucléaire sur le monde entier : un monde qui s'enflamme, et qui se réduit en cendres, qui brûle, comme le courant qui passe et qui brille dans les guirlandes d'un arbre de Noël. 

Ma note :

Critères
Barème
Écriture
14/16
Style

04/04
Fluidité

03/03
Richesse du vocabulaire

03/04
Difficulté de compréhension

02/03
Mouvements du texte ( plat, très dynamique, alterné )

02/02
Histoire
16/19
Intérêt

03/03
Importance des personnages et familiarisation entre eux et le lecteur

03/03
Captivant ou ennuyeux ?

05/06
Poignant ?

04/05
Crédibilité / Cohérence

01/02
Le livre
02/03
Goût personnel
02/02
Total
34/40

17/20

12 commentaires:

  1. cé bi 1 Bravo a toa tu a réusi a le fer a 5 heur 08 du matin GG !!! bizous

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  2. Ce livre est plein d'émotion.... Je suis bouleversé après cette lecture qui m'a beaucoup touché.
    Pascal et son père Laurent Segur, passent des vacances en Corse. L'enfant sera contaminé durant ce séjour après l'explosion d'un container éventré tombé d'un avion. le verdict est sans appel : Pascal va mourir, il lui reste 3 mois à vivre (jusqu'à Noel environ).
    Son père décide de s'évader du quotidien et s'échappe donc avec Pascal dans le chateau qu'il possède en Auvergne et décide, avec l'aide de son ami de ramener des loups à son fils qui ne parle plus que de ça. Un projet excentrique...
    Un récit bouleversant.

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  3. Ce livre est d'une telle beauté, pure, qu'il et bien difficile de laisser sur le papier ce que l'on ressent à sa lecture.
    La blessure de Michel Bataille contre cette société destructrice n'est pas vaine, puisqu'il a su, au travers de ce récit, en faire ressortir toute la cruauté et les conséquences dévastatrices, d'une après-guerre.

    Le désarroi, la puissance d'amour, la joie, puis la tristesse, l'énergie de cet homme et enfin l'abandon de tout pour son enfant ; tous ces sentiments sont décrits avec une telle profondeur, que l'on finit, tour à tour par s'identifier à l'homme ou à l'enfant. Un livre miroir, pour tous les pères que l'on est ou que l'on aimerait être et pour tous les garçons qui aimeraient avoir la chance d'être aimés inconditionnellement et aussi simplement, par leur papa.

    C'est un livre pour tout le monde et tout âge qu'il faut, sans détour, lire absolument, au même titre que le précieux « Petit Prince de A. de St Exupery ».

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  4. Magnifique livre qui tient du prodigue et ce, depuis 40 ans. Le film quand à lui est bien trop plat par rapport

    aux questions essentielles de l'auteur. Magnifique par son message sur la vie, la mort d'un enfant causée

    parla bétise humaine, le tout baignant de merveilleux féerique, avec les hevaliers de la table ronde, les loups

    si chers à Pascal, ces loups bien plus intelligent et profond queles hommes. Michel Bataille nous invite dans

    son propos à réflechir sur notre condition d'humain, sur l'amour, sur la vanité des choses, sur cette guerre

    stupide que se font les humains à trop vouloir détruire la planète. L'Arbre de Noël ou la guerre des bombes

    la venue d'un enfant dans une crêche pour apporter le plus brûlant espoir de la vie éternelle. Voilà ce que j'ai

    ressenti dans ce magnifique livre, toujours d'actualité. Beau roman et belle leçon de courage. PANTALACCI

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  5. Laurent segur,un homme d'affaire veuf,passe ses vacances en corse avec son fils pascal agé de 10 ans .
    au cours d'une partie de canoê,l'enfant est témoin de l'explosion d'un apareil militaire en plein ciel.
    laurent dècide de faire examiner son fils,les resultats révèlent que pascal atteint d'une leucémie n'a plus que quelque heures à vivre.
    laurent se consacrera entierement à son fils en essayant de réaliser ses dernier réve.
    Une histoire à faire pleurer toutes votre famille un conseil: lisez ce livre formidable!!!!

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  6. poignance, émouvance ,les sentiments se pressent , s'entrechoquent ,on pleure,je pleure,car l'absurdité injuste qui guette chaque enfant, chaque innocence est décrite ici avec une justesse à la fois incisive et douce, ce livre refermé vit encore en moi....

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  7. ce livre m'a beaucoup plu car on resent l'emotion du pére , la tristesse aussi.

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  8. très bonne critique bravo à toi !!! fait une chaine youtube de critique littéraire .
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  9. C'est le roman le plus bouleversant que j'ai jamais lu. On sait, dès le départ, que le fils est condamné, victime d'une leucémie. Les moments de joie qui suivent sont autant de coups de poignards pour le lecteur que je suis. Le roman ne verse jamais dans le pathos. Un chef d'œuvre.

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  10. J'ai lu ce livre il y a plus d'une dizaine d'années et j'en garde un souvenir prégnant. Beaucoup d'émotions dans ce livre de jeunesse qui, il me semble, peut bouleverser à tout âge.

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  11. y'a un beug je croi car ils postent tous le 3 mai

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