dimanche 22 novembre 2015

Lecture commentée : La Part de l'autre - Eric-Emmanuel Schmitt

Titre : La Part de l'autre

Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt (né en 1960)

Date de parution : 2001

Mon édition : Albin Michel

Ma collection : Le livre de poche

Le prix auquel je l'ai acheté : emprunté

Genre : Roman (historique, philosophique)

Nombre de pages : 503

Résumé :

     8 octobre 1908 : Adolf Hitler recalé. Que se serait-il passé si l'Ecole des Beaux-Arts de vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d'artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde...

Mon avis :

     Ce livre va au-delà de tous les styles littéraires possibles et inimaginables : il est l'excellence-même. Il ne fait "que" 500 pages, mais on pourrait véritablement passer une vie entière à létudier, à l'analyser. On peut lire ce livre sous un aspect littéraire, de détente, historique, psychologique, psychanalytique, romantique, réaliste, philosophique, musical, enfin tous les aspects imaginables.
     La première partie de ce roman est sans doute la meilleure. "Adolf Hitler, recalé". Première phrase du livre : on sait qu'on va vouloir savoir la suite. C'est un roman envoûtant, une première partie poignante, puis drôle (Freud), intéressante, et d'un style littéraire aussi bien léger que puissant ! C'est une excellence pure, cette première partie ! Schmitt nous annonce déjà le concept de son livre : faire vivre deux hommes en un seul : il y a le Hitler qu'on connaît tous, et puis le Hitler qu'on aurait pu connaître s'il avait réussi le concours des Beaux-Arts. Dans cette première partie, les deux personnages sont encore psychologiquement semblables, mais la fin annonce une seconde partie qui se voudra bien plus divisée.
     Dans la seconde partie, Schmitt est encore un génie. En effet, là où tout le monde raconte la guerre et son horreur, lui, il raconte l'histoire de ses personnages pendant la guerre. Il est au front en même temps qu'Hitler, et nous aussi. Et puis il y a Neumann et Bernstein, ce-dernier qui meurt à la fin, etc. Cette seconde partie est une bombe qui fait vraiment pleurer. Sans compter la lettre sur l'amitié adressée par Adolf à ses amis. On remarque d'ailleurs, dans cette seconde partie, la différence entre les deux Hitler : l'un s'appelle Adolf, l'autre Hitler ; d'un côté le soldat courageux parti au front, abandonnant provisoirement sa peinture, de l'autre le Hitler lâche qui trouve un moyen pour échapper au combat, et qui finit à l'arrière. Mais Schmitt sait bien aisément se moquer de ce petit Hitler trop naïf et qui obéit trop aux ordres. Là, on voit déjà une distinction entre le bien et le mal. Entre l'un et l'autre. La division est alors déjà bien grande. Cette seconde partie est peut-être la plus bouleversante et émouvante de toutes.
      Pour ce qui est de la troisième partie, elle se veut plus enjouée : Onze-heures-trente. Comme une lumière, ce petit être qui deviendra l'amour d'Adolf est pétillante, jusqu'au bout, jusqu'à sa mort. On sait qu'elle va mourir, mais le talent de Schmitt nous fait tant nous attacher à elle qu'on refuse qu'elle meure. D'autant plus que Scmitt la fait mourir bien vite à mon goût. Il faudrait relire ce livre, pour se rappeler les détails ! Car j'ai bien peu de souvenirs de cette dernière partie. Face à Adolf, on a encore et toujours Hitler, qui prend du pouvoir, qui a le pouvoir, qui devient conférencier, orateur exceptionnel du NSDAP. Schmitt a su retranscrire exactement l'aspect captivant des discours et de la personnalité d'Hitler. Schmitt veut nous faire comprendre, mais il faut bien entendre que comprendre n'est pas excuser ni justifier. Hitler, c'est cette part de mal que nous avons tous en nous, cette part d'agressivité retenue par la conscience sociétale, comme le disait déjà Freud.
     Enfin, la quatrième partie rabaisse à mon goût un peu le niveau du roman... C'est encore un très bon texte, mais à mon goût un peu trop de politique, de faits, et ainsi un léger délaissement des personnages. Mais, me direz-vous, comment parler de la chute du nazisme sans parler politique ? Certes, et j'admets que Schmitt, en parlant politique, reste dans la littérature simple et agréable. A mon avis, il ne faut pas connaître beaucoup de l'histoire du nazisme pour comprendre le roman de Schmitt : il a le talent d'expliquer tout en narrant. Et quelle joie - excusez-moi le terme - que de voir, enfin, mourir cet ingrat de Hitler dans son bunker ! Et quel drame que de savoir que Goebbels a tué ses six enfants et sa femme, malgré les plaintes de celles-ci.
     Ce roman, en fait, est une oeuvre musicale. A la manière des notes, elle nous fait savoir quels sentiments Schmitt a-t-il voulu nous transmettre. Ce roman, c'est une lame qui nous transperce, une bombe qui nous explose, enfin une Oeuvre littéraire qui nous laisse des traces : demain, ne serons-nous pas un prochain Hitler ? Tout revient à la part de l'autre.


Ma note :

Critères
Barème
Écriture
16/16
Style

04/04
Fluidité

03/03
Richesse du vocabulaire

04/04
Difficulté de compréhension

03/03
Mouvements du texte ( plat, très dynamique, alterné )

02/02
Histoire
19/19
Intérêt

03/03
Importance des personnages et familiarisation entre eux et le lecteur

03/03
Captivant ou ennuyeux ?

06/06
Poignant ?

05/05
Crédibilité / Cohérence

02/02
Le livre
03/03
Goût personnel
02/02
Total
40/40

20/20

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