vendredi 18 septembre 2015

Lecture commentée (2) : Madame Bovary - Gustave Flaubert

Titre : Madame Bovary

Auteur : Gustave Flaubert

Date de parution : 1857

Mon édition : Paris Ministère de l’éducation nationale 1972

Le prix auquel je l'ai acheté : 3-5 €

Genre : Roman ( réaliste )

Nombre de pages : 369

Résumé :


     Emma Rouault est une jeune femme qui a fait ses études au couvent. Lorsque le beau Charles Bovary débarque dans la ferme des Rouault, le père d'Emma la marie à Charles, en accord avec celui-ci. Mais très vite, Emma, au début amusée des noces et de cette neuve relation, s'ennuie. Embarrassé de l'état de son épouse qu'il chérit tant, Charles décide de déménager dans la très petite ville de Yonville, où il continue à exercer sa profession d'officier de santé. A travers les péripéties de la ville qui remplissent les pages, Emma s'éprend pour le jeune Rodolphe. Il vivent alors une relation passionnée, en cachette. Souhaitant vivre éternellement dans cette étreinte qui lui est chaleureuse, Emma lui propose de fuir cette ville qu'elle n'aime pas tant, et puis son mari qui l'agace de tout son amour. Celui-ci accepte d'abord avec joie puis, lâchement, il lui remet une lettre le jour-même de leur départ, lui expliquant sèchement les raisons pour lesquelles il ne peut partir avec elle. Il part seul, laissant Emma dans le plus grand des chagrins, au point que Charles lui pronostique une maladie nerveuse. Emma "guérit" peu à peu, par la folie des dépenses. Charles ne lui en dit rien : il l'aime. Mais les affaires deviennent dures, et les achats inutiles de Madame Bovary ne s'arrêtent pas. Elle tombe par la suite amoureuse du jeune ecclésiastique Léon, avec qui elle vit, comme avec Rodolphe, une aventure passionnée plus que la première. Mais Léon se fait la promesse de ne plus la voir, consciencieux face à son époux, Charles, qu'il plaint énormément et en même temps qu'il envie d'avoir telle épouse. Et Emma retombe dans le chagrin. De plus, ses folie des dépenses aura emmené les huissiers à faire leur métier dans leur domicile. Perdue, Emma se suicide en ingurgitant de l'arsenic, laissant ainsi dans les pleurs son mari, et puis sa fille. Charles, dans les dernières pages, meurt de délaissement de lui-même, d'oubli de sa personne, et Berthe, leur petite fille, est laissée seule, abandonnée, dans la misère du monde.

Mon avis :

     A la première lecture de cette oeuvre, comme on peut le constater dans ma première lecture commentée, je l'avais détesté, l'avais en horreur. Je n'avais pas supporté ni l'écriture de Flaubert, ni ses personnages, ni l'intrigue, ni quoi que ce soit. Le seul point positif que j'en avais tiré était la fin, qui m'avait parue plus juste et plus délicate, plus subtile et élégante, voire perfectionnée que le reste. Aujourd'hui, j'écris cette seconde lecture commentée, après avoir lu Madame Bovary une seconde fois, et avec bien plus d'enthousiasme.
     D'abord, il me semble juste de préciser que l'auteur fait preuve d'une virtuosité extraordinaire. On dit que, avec Voltaire, Flaubert est l'écrivain maîtrisant le mieux la langue française et sa syntaxe. Lorsque j'ai entendu cette information pour la première fois, je la voyais comme une aberration. Cependant, en me replongeant dans l'univers des Bovary, je me rends compte que ces rumeurs sont bien véritables. Ce qui fait la caractéristique de Flaubert, c'est non seulement son affranchissement de son romantisme inné vers un réalisme qu'il déteste. De ce fait, Flaubert ne cesse de critiquer ses personnages qu'il abhorre, ainsi que sa Normandie profonde et natale. Grâce à cette haine de son propre sujet, Flaubert crée une oeuvre qui reste ancrée dans les siècles. Il abandonne ainsi son romantisme médiocre et crée quelque chose d'extraordinaire. Flaubert est extrêmement moderne dans son oeuvre ! De plus, ce qui fait sa très grande particularité, contrairement à d'autres comme par exemple son opposé Lamartine, ou encore son héritier littéraire Maupassant, c'est sa capacité à nous donner à voir. En effet, dans Madame Bovary, Flaubert nous donne à voir la vie de ses personnages. Il n'arrive pas un seul instant sans que l'on puisse voir, sur notre rétine, l'image du paysage qu'il décrit. Et ce paysage est décrit avec tant de justesse qu'on le voit quasiment à l'identique de ce qu'il est en réalité. Ceci est notamment dû, en dehors de la virtuosité du langage, à cette connaissance du lieu de Flaubert, à l'opposé de Chateaubriand, par exemple, qui décrit à merveille les chutes du Niagara sans jamais y avoir mis les pieds. C'est cet ensemble d'éléments qui font de l'écriture Bovarienne de Flaubert une écriture riche, intéressante et qui convoite de près l'excellence et la justesse, ainsi que la justice, si je puis dire, littéraire.
     De même, Madame Bovary est un roman, du moins à la seconde lecture, extrêmement intéressant, attachant, voire captivant par moments. Il n'existe pas dans cette oeuvre les pages de description contextuelles à la Hugo (comme dans Les Misérables, par exemple, où il décrit pendant cinquante pages la bataille de Waterloo). Non, la différence de Flaubert est qu'il va à l'essentiel. Ainsi, chacun de ses personnages a quelque chose de bouleversant et quelque chose à détailler, à analyser, à tirer. Chacun des êtres de son roman est le stéréotype d'un caractère sociétal. De là je peux mettre en exergue le génie de l'écriture de Flaubert dans la description des troubles psychiques et psychologiques de ses personnages, principalement Emma. En effet, et je me répète car je le juge nécessaire, l'auteur exprime avec une extrême justesse les sentiments humains. Là où Hugo dirait que les mots n'égalent pas les émotions, Flaubert, lui, dit avec Madame Bovary que les mots suffisent à l'expression de ces mêmes émotions. Et ses personnages ne surjouent pas, ne sous-jouent pas ; au contraire : aujourd'hui encore, l'on pourrait reconnaître en Emma les troubles d'amours perdues et déçues, en Charles l'innocence et la naïveté pathétique, en Rodolphe le désir de luxure et d'amusement, en Léon le délassement du travail. En ça notamment Flaubert est très moderne et très intemporel ! De plus, il écrit une histoire qui sera jugée "immorale" au tribunal, mais qui, au final, sera un grand succès. De ce fait, nous pouvons donc penser que l'immoralité présumée n'est qu'une ignominie, et que Flaubert n'a fait que décrire la vérité du monde, et la vérité qui encore aujourd'hui existe en France. Il nous raconte l'histoire d'une femme qui rêve et s'ennuie terriblement, d'une femme qui trompe son mari, mais qui le regrette, veut devenir bonne, puis qui s'endette, et se suicide enfin à l'arsenic, pour finir, plus pathétique que jamais, morte dans d'atroces souffrances, regrettant son geste, se rendant compte de l'amour de son époux et regrettant sa vie. Emma n'est pas qu'un personnage détestable. Et c'est là tout le débat. En effet, certains trouveraient des excuses au comportement d'Emma, alors que d'autres ne le pourraient. Or, Flaubert n'écrit ni qu'elle est excusable, ni qu'elle ne l'est pas. Flaubert déteste Emma, mais il la déteste d'autant plus qu'il se retrouve en elle. En ce sens, Emma est expliquée dans un détail fou et virtuose, qui parfois nous fait la prendre en terreur, parfois la prendre en amour, et d'autres fois l'exécrer.
     Flaubert, en écrivant Madame Bovary, n'a voulu que bannir son romantisme jugé mauvais par ses amis. Il aura alors écrit une oeuvre excellente, et je pèse mes mots. Ce roman est à lire plusieurs fois, me semble-t-il, et même aucun lecteur n'aura jamais l'assiduité de comprendre chaque complexité de Flaubert et de son long travail acharné et haï de lui.

Ma note :


Critères
Barème
Écriture
15/16
Style
04/04
Fluidité
03/03
Richesse du vocabulaire
04/04
Difficulté de compréhension
02/03
Mouvements du texte ( plat, très dynamique, alterné )
02/02
Histoire
16/19
Intérêt
03/03
Importance des personnages et familiarisation entre eux et le lecteur
03/03
Captivant ou ennuyeux ?
05/06
Poignant ?
03/05
Crédibilité / Cohérence
02/02
Le livre
02,5/0
Goût personnel
2/2
Total
35,5/40

17,75/20

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