Duras
Marguerite Germaine Marie
Donnadieu de son nom de naissance, naît le 4 avril de l'année
1914 à Gia Dinh ( près de Saïgon, Indochine ), et est une
écrivaine, romancière, dramaturge, scénariste et réalisatrice
française. Elle vit une enfance bouleversée dans une famille où un
père, ex-directeur de l'école de Gia Dinh, malade depuis longtemps,
manque à partir du 4 décembre 1921, après plusieurs semaines
d'agonie dans un hôpital français ; il est inhumé près de
Duras, dans le Lot-et-Garonne. La mère de Marguerite est
institutrice, et elle a deux frères, Pierre et Paul. Après la mort
du paternel, la famille rentre en métropole, à Duras, dans la
maison familiale ; elle s'y installe durant deux ans. En juin de
l'année 1924, ils repartent pour l'Asie, faisant d'abord le
Cambodge, puis Sadec, puis enfin Saïgon. Mais lasse de cette vie de
nomade, dans laquelle les déménagements sont trop fréquents, Marie
Donnadieu, la mère de Marguerite, achète une terre à Sadec, sur le
delta du Mékong, mais cette terre ne lui rapporte aucun bénéfice,
ce qui la plonge dans une pauvreté sans précédent ; elle doit
donc reprendre l'enseignement. Cet épisode d'austérité marquera à
jamais Marguerite Duras et on le retrouvera d'ailleurs dans beaucoup
de ses ouvrages.
En 1931, Duras quitte l'Indochine
après avoir eu son bac de philosophie à la pension de Saïgon, dans
laquelle elle était depuis déjà quelques années. Elle s'installe
en France pour continuer ses études dans une école privée, mais
elle revient un an plus tard dans son pays d'origine, en 1932. Puis
elle repart pour Paris, cette fois-ci s'inscrivant à la faculté de
droit. Elle y finit sa licence et trouve un emploi de secrétaire au
Ministère des colonies en juin 1938.
Deux ans plus tôt, en 1936, elle
rencontre Robert Antelme, celui avec qui elle partagera la majeure
partie de sa vie. À la fin de l'été 1938, Robert est mobilisé et
il revient avant leur mariage, le 23 septembre 1939. Robert est
ensuite embauché à la préfecture de police de Paris et le couple
s'installe dans un quartier parisien. Marguerite est enceinte et
accouche d'un mort-né dont elle ne fera jamais le deuil.
En 1942, elle retrouve un emploi
de secrétaire au comité d'organisation du livre, après avoir
quitté son travail du ministère. Elle y préside un comité de
lecteurs chargé d'autoriser ou non la publication de textes, ce
comité étant contrôlé par les Allemands.
En décembre 1942, elle apprend
la mort de son frère en Indochine, élément qui la bouleverse et
qui marquera à jamais son œuvre et sa mémoire.
En 1944, Robert est arrêté par
la Gestapo et Marguerite parvient à s'échapper. Robert est déporté
à Dachau le jour du débarquement en Normandie. Elle séduit alors
un agent de la Gestapo, Charles Delval, pour faire libérer son mari,
chose qu'elle obtient en avril 1945, après la Libération de Paris ;
elle accuse ensuite cet agent et le fait condamner à mort. À la
libération de son mari, Duras doit le soigner pendant près de douze
mois entiers.
En 1945, le couple crée une
maison d'édition, la Cité Universelle, qui ne publiera que trois
ouvrages à cause de leur divorce, en 1947.
Duras épouse par la suite Dionys
Mascolo, sont ancien amant, dont elle se sépare quelques années
plus tard, en 1956.
Néanmoins, Duras garde un
souvenir du long mariage qu'elle a vécu avec Robert : Jean,
leur fils, qui naît le 30 juin 1947, peu après leur divorce.
En 1950, Marie Donnadieu est
contrainte de rentrer en France et Duras est accusée d'avoir sali le
parti communiste, auquel elle est profondément attachée, en ayant
soi-disant critiqué l'honorable Louis Aragon. Son image chute alors
et, le 8 mars de la même année, elle est exclue du parti mais elle
affirme garder les idées et les actes et la façon d'être de
« son » parti, le communisme. Duras poursuit son
engagement politique en s'investissant activement dans la lutte
contre la guerre d'Algérie et également dans la revendication du
droit des femmes quant à l'avortement.
En 1957, elle rencontre un autre
homme, Gérard Jarlot, qui l'aide à diverses adaptations d’œuvres
théâtrales ou cinématographiques, et avec qui la relation ne
durera que jusqu'en 1961. Cette même année, sa mère décède.
En 1958, elle se met à
l'écriture de scénario, et travaille ainsi pour des cinéastes.
L'argent que lui rapporte ce métier lui permet, en 1963, de
s'acheter un appartement sur Paris.
L'écriture chez Duras commence
en 1940, avec la publication de son premier roman, L'Empire
français, œuvre de propagande signée de son vrai nom. Mais
elle désavouera ce livre et c'est d'ailleurs pour cette raison
qu'elle quitte le Ministère des colonies en 1940. En 1943, elle
écrit son premier ouvrage personnel, Les Impudents. En 1965,
l'énorme succès de sa pièce Des Journées entières dans les
arbres lui permet d'enfin être reconnue dans les trois domaines
auxquels elle aspire : la littérature, le cinéma et le
théâtre.
En 1966, elle tourne son premier
film, car déçue des adaptations que les réalisateurs ont pu faire
de ses livres précédents. Son cinéma est atypique ; le cinéma
de Duras est le plus souvent un enchaînement d'images, couvert de sa
voix en fond, lisant simplement son roman.
En 1984, elle publie le roman qui
fera d'elle l'un des écrivains les plus vendus dans le monde,
L'Amant. En 1988, elle entame l'écriture du scénario pour
son adaptation cinématogra-phique à la demande du cinéaste Claude
Berni.
Mais Marguerite Duras, ayant des
problèmes d'alcoolisme depuis toujours, avec quoi elle a renoué
depuis 1975, replonge encore une fois dans l'alcool en 1980, après
cinq semaines passées à l'hôpital, suivies de six mois
d'abstinence totale. Mais Yann Lemée, dit Andréa, avec qui elle
sort, parvient à lui faire accepter une cure de désintoxication en
1982. Malheureusement, elle se retrouve derechef sous l'emprise de
l'alcool en 1987 et écrit cette même année, pour la première
fois, les causes de son addiction dans La Vie matérielle. Le
17 octobre 1988, elle est hospitalisée et plongée dans un coma
artificiel, ce qui interrompt le tournage du film ; elle ne se
réveillera que cinq mois plus tard. Néanmoins, durant son absence,
le cinéaste Jean-Jacques Annaud prend la direction du film. À sa
sortie en 1989, Duras, découvrant ce film qu'elle ne connaît pas et
qu'elle considère comme dénaturant son livre, s'empresse de
réécrire L'Amant, et le publie sous le nom de L'Amant de
la Chine du Nord en 1991, juste avant la sortie du film.
Mais Duras s'affaiblit avec
l'alcool, l'âge et les hospitalisations qui la fatiguent. Elle a du
mal, peu à peu, à écrire, et ses livres sont le plus souvent
dictés.
Le 3 mars 1996, celle qui n'aura
pas seulement été une auteure et cinéaste, sinon une femme
politique, une femme forte et séductrice, et courageuse, et
aventureuse, et même téméraire voire combattante, meurt, à 8
heures du matin, dans son appartement de Paris.
Son
œuvre principale :
Les
Impudents, roman, 1943
La
Vie tranquille, roman, 1944
Des
Journées entières dans les arbres, roman, 1954
L'Amour,
roman, 1972
L'Amant,
roman, 1984
Yann
André Steiner, roman, 1992
Ecrire,
roman, 1993
Les
Viaducs de la Seine-et-Oise, théâtre, 1959
India
Song, théâtre, 1973
Savannah
bay, théâtre, 1982
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