Beaumarchais
Pierre-Augustin Caron naît le
24 janvier de l'année 1732 à Paris, dans un domaine aisé
d'artisans de luxe. Son père, horloger réputé, l'élève avec son
épouse dans un univers empli de joies, d'aisance matérielle, où
la culture et la bienséance sont maîtresses de tout. Ainsi, dans
cette atmosphère chaleureuse d'enfant gâté, Pierre-Augustin lit,
fait de la musique, particulièrement de la harpe, parle politique
quand il sera plus grand, va à l'opéra, au théâtre et puis aux
ballets. C'est cette enfance gâtée qui lui fait développer
rapidement une assurance évidente, et une prétention à la
hauteur de son génie.
Après de brillantes études,
Caron se marie une première fois avec Madeleine Catherine Aubertin,
qui a dix ans de plus que lui, mais qui a des biens. Déjà à cette
époque, Caron est un futur Figaro, qu'il créera bien plus tard,
obnubilé par l'argent, mais sans tomber dans l'abus ou la débauche,
avec finesse et subtilité. C'est sous cette union que
Pierre-Augustin Caron se fait nommer De Beaumarchais, nom d'une terre
que son épouse possède, et nom qui lui plaît pour avoir une
résonance noble. Madeleine Catherine meurt subitement l'année
suivante, à l'âge de 35 ans, léguant la majorité de ses bien à
son époux. Il s'agit alors de la première accusation de
Beaumarchais, accusé d'assassinat sur sa propre femme. Ce n'est
alors que le début de longs ennuis avec la justice, jusqu'à la mort
du virtuose des mots.
Beaumarchais, à la suite de
cette tragédie dont il est cependant peu affecté, devient ami du
financier de la Cour, monsieur Joseph Pâris Buverney, qui lui permet
l'entrée fulgurante dans le monde des affaires. Dans ce domaine
comme dans tout autre, Beaumarchais fait preuve d'un génie
extraordinaire. De part son habileté de négociation et son art du
marchandage très développé, il acquiert en peu de temps une
fortune qui gonfle avec le temps.
Pour rajouter une activité à
toutes ses autres, Beaumarchais est en 1759 nommé professeur de
harpe pour ces Mesdames les quatre filles du Roi Louis XV.
C'est par la suite, soit très
tardivement vue la virtuosité de son œuvre, qu'il se met à écrire,
commençant par de petites parades, jouées dans des théâtres
privés.
En 1768, alors que sa vie privée
n'est qu'un simple trou plein de vide, il se remarie avec Madame de
Sotenville, sous l'attrait de sa richesse de veuve. Or, celle-ci
décède à l'âge de 39 ans, deux ans plus tard, lui laissant la
quasi-totalité de ses biens. Beaumarchais est alors accusé pour la
seconde fois, cette fois-ci non pas de meurtre, mais de détournement
d'héritage. Voilà un second procès qui va lui faire passer
jusqu'en 1773 des années caractérisées par les audiences et la
justice.
Il parvient cependant à sortir
de ces problèmes judiciaires grâce au Roi, qui l'intègre à son
service d'espionnage. En mars 1774, il part pour sa première mission
à Londres, qui consiste à supprimer un papier jugé « dangereux
pour la France ». Mais le Roi meurt en mai 1774, et la baronne
visée par ce papier dit dangereux est bannie de la Cour par Louis
XVI arrivant au pouvoir, ce qui fait échouer la mission de
Beaumarchais.
En avril de l'année 1775, il est
chargé d'empêcher la publication d'un pamphlet contre la France.
Pour y parvenir, il est contraint de traverser l'Angleterre, les
Pays-Bas, les États allemands et l'Autriche, où il se retrouve
incarcéré pour espionnage. La même année, suite à sa libération,
il aura une dernière mission, avant de quitter le métier d'espion
pour se consacrer à l'écriture de son œuvre et à l'Amérique qui
l'attend.
Car Beaumarchais s'investit
beaucoup dans la Guerre d'Indépendance des États-Unis, traduisant
lui-même le traité d'Indépendance des États-Unis, et en
ressortant que le droit premier de ces États est celui d'être
heureux. Il joue un rôle d'intermédiaire entre les États-Unis et
la France puis, sous accord volontiers du roi, Beaumarchais permet
l'échange commercial entre les deux pays, ce qui lui rapportera tout
de même in fine la somme de plus de cinq millions.
Mais Beaumarchais, en dehors de
ses engagements politiques et de sa passion pour la musique, c'est
avant tout un écrivain, poète, dramaturge, voire philosophe à ses
heures perdues, qui réclame ses droits d'auteur à la Société des
auteurs et compositeurs dramatiques, fondée en 1777 à son
initiative. Il obtiendra son dû lors de la Révolution de 1789.
Beaumarchais, avec cette requête, bouleverse le monde littéraire,
et ne cessera de faire bouger les choses, notamment en se lançant
dans l'édition de l’Œuvre de Voltaire, son plus grand idole du
siècle, ce en 1780.
En 1786, il épouse sa troisième
et dernière femme, Marie-Thérèse Mawlaz, rencontrée à l'occasion
d'un procès, alors que Beaumarchais y jouait le rôle de Magistrat.
Elle a alors 35 ans, soit 19 ans de moins que lui. Elle donne
naissance à la seule descendance du virtuose des mots, en 1777 ;
il s'agit d'une petite fille qu'ils nommeront Amélie-Eugénie de
Beaumarchais. Marie-Thérèse mourra en 1816, soit 17 ans après le
père de son enfant.
En 1790, Beaumarchais se rallie à
la Révolution française, et se ruine quasiment en désirant offrir
des armes à la République. Seulement, il se fait accuser pour son
engagement, mais parvient à échapper à la prison, après y avoir
déjà séjourné de nombreuses fois, notamment en 1778 pour son
Mariage de Figaro, qui a scandalisé le Roi. Puis il s'exile à
Hambourg jusqu'en 1796.
Beaumarchais meurt d'apoplexie
après avoir achevé l'écriture de ses Mémoires, le 18 mai
1799 à Paris, alors âgé de 67 ans.
Beaumarchais, à travers sa vie,
aura été le Mozart des mots. Grand virtuose sachant jouer avec les
autres, sachant se défendre et argumenter sur ses idées,
Beaumarchais c'est aussi et surtout un amoureux de la vie plus que de
son œuvre, un amoureux des femmes et de l'argent. Beaumarchais,
c'est un révolté subtile, qui poignarde de face, les yeux pleins
d'amertume, et qui avoue son crime. Beaumarchais, c'est l'insolent
des Lumières, c'est le génie, c'est son propre Figaro.
Beaumarchais, c'est la prétention, l'assurance et l'amour de soi
combattant l'hypocrisie et la société.
« Voilà toute [sa]
politique, ou je meure. »
Son
œuvre principale :
Eugénie,
théâtre, drame en 5 actes, 1767
Les deux Amis ou
Le Négociant de Lyon, théâtre, drame en 5 actes et en prose,
1770
Tarare,
théâtre, mélodrame en 5 actes, livret de Beaumarchais, musique de
Salieri, 1787
Le Barbier de
Séville ou La Précaution inutile, théâtre, comédie en 4
actes, 1775
La folle Journée
ou Le Mariage de Figaro, théâtre, comédie en 5 actes et en
prose, 1778 – 1784
L'autre Tartufe
ou La Mère coupable, théâtre, drame en 5 actes, 1792
Mémoires,
1799
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