vendredi 13 février 2015

Biographie : Beaumarchais

Beaumarchais


     Pierre-Augustin Caron naît le 24 janvier de l'année 1732 à Paris, dans un domaine aisé d'artisans de luxe. Son père, horloger réputé, l'élève avec son épouse dans un univers empli de joies, d'aisance matérielle, où la culture et la bienséance sont maîtresses de tout. Ainsi, dans cette atmosphère chaleureuse d'enfant gâté, Pierre-Augustin lit, fait de la musique, particulièrement de la harpe, parle politique quand il sera plus grand, va à l'opéra, au théâtre et puis aux ballets. C'est cette enfance gâtée qui lui fait développer rapidement une assurance évidente, et une prétention à la hauteur de son génie.


     Après de brillantes études, Caron se marie une première fois avec Madeleine Catherine Aubertin, qui a dix ans de plus que lui, mais qui a des biens. Déjà à cette époque, Caron est un futur Figaro, qu'il créera bien plus tard, obnubilé par l'argent, mais sans tomber dans l'abus ou la débauche, avec finesse et subtilité. C'est sous cette union que Pierre-Augustin Caron se fait nommer De Beaumarchais, nom d'une terre que son épouse possède, et nom qui lui plaît pour avoir une résonance noble. Madeleine Catherine meurt subitement l'année suivante, à l'âge de 35 ans, léguant la majorité de ses bien à son époux. Il s'agit alors de la première accusation de Beaumarchais, accusé d'assassinat sur sa propre femme. Ce n'est alors que le début de longs ennuis avec la justice, jusqu'à la mort du virtuose des mots.
     Beaumarchais, à la suite de cette tragédie dont il est cependant peu affecté, devient ami du financier de la Cour, monsieur Joseph Pâris Buverney, qui lui permet l'entrée fulgurante dans le monde des affaires. Dans ce domaine comme dans tout autre, Beaumarchais fait preuve d'un génie extraordinaire. De part son habileté de négociation et son art du marchandage très développé, il acquiert en peu de temps une fortune qui gonfle avec le temps.
     Pour rajouter une activité à toutes ses autres, Beaumarchais est en 1759 nommé professeur de harpe pour ces Mesdames les quatre filles du Roi Louis XV.
     C'est par la suite, soit très tardivement vue la virtuosité de son œuvre, qu'il se met à écrire, commençant par de petites parades, jouées dans des théâtres privés.
     En 1768, alors que sa vie privée n'est qu'un simple trou plein de vide, il se remarie avec Madame de Sotenville, sous l'attrait de sa richesse de veuve. Or, celle-ci décède à l'âge de 39 ans, deux ans plus tard, lui laissant la quasi-totalité de ses biens. Beaumarchais est alors accusé pour la seconde fois, cette fois-ci non pas de meurtre, mais de détournement d'héritage. Voilà un second procès qui va lui faire passer jusqu'en 1773 des années caractérisées par les audiences et la justice.
     Il parvient cependant à sortir de ces problèmes judiciaires grâce au Roi, qui l'intègre à son service d'espionnage. En mars 1774, il part pour sa première mission à Londres, qui consiste à supprimer un papier jugé « dangereux pour la France ». Mais le Roi meurt en mai 1774, et la baronne visée par ce papier dit dangereux est bannie de la Cour par Louis XVI arrivant au pouvoir, ce qui fait échouer la mission de Beaumarchais.
     En avril de l'année 1775, il est chargé d'empêcher la publication d'un pamphlet contre la France. Pour y parvenir, il est contraint de traverser l'Angleterre, les Pays-Bas, les États allemands et l'Autriche, où il se retrouve incarcéré pour espionnage. La même année, suite à sa libération, il aura une dernière mission, avant de quitter le métier d'espion pour se consacrer à l'écriture de son œuvre et à l'Amérique qui l'attend.
     Car Beaumarchais s'investit beaucoup dans la Guerre d'Indépendance des États-Unis, traduisant lui-même le traité d'Indépendance des États-Unis, et en ressortant que le droit premier de ces États est celui d'être heureux. Il joue un rôle d'intermédiaire entre les États-Unis et la France puis, sous accord volontiers du roi, Beaumarchais permet l'échange commercial entre les deux pays, ce qui lui rapportera tout de même in fine la somme de plus de cinq millions.
     Mais Beaumarchais, en dehors de ses engagements politiques et de sa passion pour la musique, c'est avant tout un écrivain, poète, dramaturge, voire philosophe à ses heures perdues, qui réclame ses droits d'auteur à la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, fondée en 1777 à son initiative. Il obtiendra son dû lors de la Révolution de 1789. Beaumarchais, avec cette requête, bouleverse le monde littéraire, et ne cessera de faire bouger les choses, notamment en se lançant dans l'édition de l’Œuvre de Voltaire, son plus grand idole du siècle, ce en 1780.
     En 1786, il épouse sa troisième et dernière femme, Marie-Thérèse Mawlaz, rencontrée à l'occasion d'un procès, alors que Beaumarchais y jouait le rôle de Magistrat. Elle a alors 35 ans, soit 19 ans de moins que lui. Elle donne naissance à la seule descendance du virtuose des mots, en 1777 ; il s'agit d'une petite fille qu'ils nommeront Amélie-Eugénie de Beaumarchais. Marie-Thérèse mourra en 1816, soit 17 ans après le père de son enfant.
     En 1790, Beaumarchais se rallie à la Révolution française, et se ruine quasiment en désirant offrir des armes à la République. Seulement, il se fait accuser pour son engagement, mais parvient à échapper à la prison, après y avoir déjà séjourné de nombreuses fois, notamment en 1778 pour son Mariage de Figaro, qui a scandalisé le Roi. Puis il s'exile à Hambourg jusqu'en 1796.
Beaumarchais meurt d'apoplexie après avoir achevé l'écriture de ses Mémoires, le 18 mai 1799 à Paris, alors âgé de 67 ans.




     Beaumarchais, à travers sa vie, aura été le Mozart des mots. Grand virtuose sachant jouer avec les autres, sachant se défendre et argumenter sur ses idées, Beaumarchais c'est aussi et surtout un amoureux de la vie plus que de son œuvre, un amoureux des femmes et de l'argent. Beaumarchais, c'est un révolté subtile, qui poignarde de face, les yeux pleins d'amertume, et qui avoue son crime. Beaumarchais, c'est l'insolent des Lumières, c'est le génie, c'est son propre Figaro. Beaumarchais, c'est la prétention, l'assurance et l'amour de soi combattant l'hypocrisie et la société.
« Voilà toute [sa] politique, ou je meure. »





Son œuvre principale :


Eugénie, théâtre, drame en 5 actes, 1767
Les deux Amis ou Le Négociant de Lyon, théâtre, drame en 5 actes et en prose, 1770
Tarare, théâtre, mélodrame en 5 actes, livret de Beaumarchais, musique de Salieri, 1787
Le Barbier de Séville ou La Précaution inutile, théâtre, comédie en 4 actes, 1775
La folle Journée ou Le Mariage de Figaro, théâtre, comédie en 5 actes et en prose, 1778 – 1784
L'autre Tartufe ou La Mère coupable, théâtre, drame en 5 actes, 1792

Mémoires, 1799

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