vendredi 20 juin 2014

Le destructeur

Du bout de sa branche, assis là sous le soleil,
L'oiseau chante une mélodie douce et sans pareille.
Sous ses pattes, le bois est sans murmures,
Les feuilles sans éraflures,
Et les bourgeons pleins d'amour pur.
Le tronc, vieux et usé,
Solide et acharné,
Se laisse tirer d'un monde à l'autre.
Par le bas, les racines, fines et mesquines,
L'envoient vers la terre,
Le jettent en enfer.
Par le haut, les brindilles, bien plus dignes,
L'élèvent vers le ciel,
Le propulsent dans le miel.
Et l'oiseau profite des rayons,
En sortant de son tréfonds
Son âme, ses notes, son mauvais et son bon.
Vit-il ici,
Sur cette approximation de Paradis ?
Sans doute que oui,
Puisqu'il y a installé son nid.
Peut-être que non,
Puisqu'il s'envole ailleurs,
S'étendant de tout son long,
Et partant, partant vers le meilleur.
Pourquoi fuit-il cet endroit si paisible,
Où rien ne lui est nuisible ?
Le lac est proche et admirable,
Les nuages inexistants,
Le soleil presque palpable,
Et le vent fort apaisant.
La vie là-bas est simple, délicate,
Elle ne demande ni crainte ni hâte.
Le temps y semble arrêté,
Comme à jamais,
Dans ce jardin d’Éden,
Où sont bannis le malheur et la haine.
L'air souffle tout doucement,
Le feu repose en paix,
L'eau privilégie la discrétion,
La terre se tarde à ses occupations,
Voici tout ce qu'est la Nature Vraie,
La véritable, sans mensonge, tout en rendement.
Pourquoi donc cet être déploie-t-il ses ailes ?
Pourquoi fuit-il ce monde merveilleux,
Cet univers dans lequel il ne doit pas se sentir frêle,
Cet espace magique et paresseux ?

Alors que son vol se poursuit vers les cieux,
Imperturbable et inexplicable,
Une lueur plus noire s'élève en feux,
Venant d'en bas, c'est indéniable.
Puis l'arbre roi se fracasse au sol,
Le lieu devient autre et sans paroles,
L'horreur, en un moindre temps,
S'est jetée sur ce monde d'antan,
A présent sale, impur, détruit.
Détruit par qui ?
Les deux petits yeux,
Qui s'en vont en courant,
Regardent derrière eux
Le carnage apeurant.
La terreur s'affiche en eux,
Lorsqu'ils rencontrent le responsable,
Ce n'est non pas un dieu,
Ni rien qui soit semblable.
Celui qui a coupé,
Celui qui a hurlé,
Celui qui a craché,
Celui qui a bâclé,
Celui qui a détruit,
Celui qui a anéanti,
Celui qui a pourri,
Celui qui est sali,
C'est l'Homme.
L'Homme a fait fuir les ailes du volatile,
En faisant devenir leur chez-soi simple fantôme,
Et il a gâché un morceau de Terre pour lui inutile,
Qui pourtant s'avère être bien meilleure que lui.
L'Homme est fou,
Et l'homme brûle, coupe,
Tout et d'un seul coup,
Car il n'entend ni plainte, ni aucun pleur, ni nul cri.
L'Homme a tué le monde, c'est tout.

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