dimanche 30 mars 2014

Lecture commentée : Andromaque - Jean Racine


Auteur : Jean Racine

Date de parution : 1667

Edition : Gallimard

Collection : Folio classique

Prix : 2-5 €

Genre :  Théâtre

Nombre de pages : 128

Résumé :
     Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui n'aime que son époux défunt et son jeune fils. La pièce n'oppose que quatre personnages, parmi lesquels les femmes, Andromaque, Hermione, dominent. La folie emporte Hermione et Oreste, et la pièce se clôt sur la victoire de la pureté. Tant de violence et tant de dépouillement, et l'ombre de Troie, voilà les causes du succès de la première grande tragédie de Racine.

Mon avis :
     C'était mon premier Racine, et je n'ai pas été déçu. Je pense honnêtement qu'il n'y a pas grand chose à dire, si ce n'est que c'est la première pièce de théâtre classique que j'apprécie beaucoup.

Ma note :

16,25/20


Commentaire :
ACTE I
Scène 1 :
C'est la scène d'exposition ; elle a pour objectif de nous informer sur le lieu, ainsi que les personnages et l'action de la pièce. En l’occurrence, on apprend ici principalement l'amour que voue Oreste à Hermione, et qu'Hermione aime Pyrrhus, ce qui déplaît à Oreste. 

Scène 2 :
Oreste, souhaitant que Hermione oublie, surtout haïsse Pyrrhus, demande à ce-dernier d'assassiner le fils d'Andromaque, jugé, comme son défunt père, de malsain pour la Grèce. Or, Pyrrhus refuse ( "dans le sang d'un enfant je me baigne à loisir" ( v. 216 )). 

Scène 3 :
Scène très courte. Pyrrhus montre bien là que peu lui importe que Oreste convoite Hermione, car, lui, porte sa flamme sur Andromaque, qui justement "paraît" à la fin de la scène ( v. 257 ).

Scène 4 :
Pyrrhus apprend à Andromaque la haine que la Grèce porte à l'égard de son enfant. Il lui annonce aussi la volonté de Oreste de le faire assassiner - qui plus est par lui-même. Au début contre cette idée, Andromaque se résigne vite à vouloir accepter que son fils soit tué, si c'est pour son bien et celui des Grecs. Or, dans le dernier vers ( v. 384 ), Pyrrhus, lui, la objecte et lui soumet l'idée de "songez à le sauver". 

ACTE II
Scène 1 :
Cléone, la gouvernante de Hermione, tente de convaincre celle-ci d'abandonner un amour impossible avec Pyrrhus. Hermione est enragée contre Andromaque, et avoue avoir elle-même attiré la colère des Grecs envers son fils. Elle veut que Andromaque haïsse Pyrrhus, en tuant son enfant, et que, par conséquent, elle ait la voie libre sur celui-ci. On peut noter que Hermione utilise exactement la même stratégie pour obtenir l'amour de son convoité que Oreste pour obtenir le sien. 

Scène 2 :
Oreste apprend à Hermione le refus de Pyrrhus de sacrifier l'enfant de Andromaque. Hermione lui avoue son désir de pouvoir l'aimer, mais elle semble ne pouvoir malheureusement s'y contraindre, car elle aime Pyrrhus, mais en même temps l’abhorre. 

Scène 3 :
Monologue. Ici,  Oreste montre sa conviction que Hermione n'a aucune chance avec Pyrrhus, car celui-ci la méprise fort, et n'a d'yeux que pour Andromaque.

Scène 4 :
Pyrrhus, ayant réfléchi à la proposition de sacrifier l'enfant de Andromaque, l'accepte auprès de Oreste. Il accepte aussi, très étrangement d'ailleurs, de recevoir l'amour de Hermione et de l'épouser.

Scène 5 :
Pyrrhus offre ouvertement son for intérieur, soit très hypocrite. En effet, on apprend que, s'il épouse Hermione, c'est dans le seul et unique but de rendre jalouse Andromaque, de l'humilier, premièrement pour se venger de tout ce qu'elle lui a fait endurer et, deuxièmement, pour que son orgueil la ramène à ses pieds. 

ACTE III
Scène 1 :
Pylade, ami de Oreste, tente de convaincre celui-ci, désespéré que Pyrrhus épouse Hermione le lendemain, d'enlever Hermione pour l'arracher des mains de Pyrrhus. Nous avons là une scène contradictoire car, dans un premier temps, c'est Oreste qui veut enlever Hermione à son futur époux et Pylade qui tente de l'en dissuader, puis, dans un second temps, c'est Pylade qui tente de convaincre Oreste de l'enlever. A la fin de la scène, aucune décision n'est encore réellement prise sur le sujet. 

Scène 2 :
Hermione fait comprendre que ce mariage avec Pyrrhus, bien qu'il la réjouisse, a quelque chose de faux, et elle le ressent. Même si Oreste lui affirme que Pyrrhus l'aime, elle doute un peu, mais surtout sait qu'il vouera plus d'intérêt à la "Grèce" qu'à la "tendresse" qu'il lui apportera. 

Scène 3 :
Hermione s'est maintenant elle-même convaincue de l'amour que lui vouait Pyrrhus. Elle avoue être surtout attirée par lui grâce à (ou à cause de) "le nombre des exploits" ( v. 852 ), "la victoire" ( v. 854 ), le fait qu'il soit "charmant", "fidèle" ( v. 854), et qu'il ait de la "gloire" ( v. 854 ). Cléone, elle, est consciente de la rage dont va faire preuve Andromaque, ou plutôt de sa douleur qui, selon elle, reviendra aux pieds de Hermione.

Scène 4 :
On confronte ici pour la première fois Hermione et Andromaque. Cette dernière est "pleurante" ( v. 860 ) aux "genoux" ( v. 860 ) de Hermione, car jalouse. Après, on ne comprend pas très bien ce qu'elle veut pour son fils, car elle-même perdue : à la fois elle dit qu'elle l'aime, mais laisse sous-entendre qu'il serait mieux ailleurs qu'avec elle : "Et mon fils avec moi n'apprendra qu'à pleurer." ( v. 880 ).

Scène 5 :
Céphise, la confidente de Andromaque, la fait se rendre compte que, malgré le mariage organisé, Pyrrhus la convoite toujours ; elle a vu clair dans son jeu. 

Scène 6 :
La scène, bien qu'ayant un rythme au début rapide et, à son fil, plus lent, elle est justement, de manière paradoxale, de plus en plus tendue. Andromaque et Pyrrhus, accompagnés de Céphise et Phoenix, se disputent notamment au sujet de l'enfant de Hector - donc de Andromaque -, mais aussi, indirectement et de façon très implicite, pour l'amour impossible et lassant que voue Pyrrhus à Andromaque.

Scène 7 :
Pyrrhus est le seul locuteur, et il s'adresse à Andromaque. La tension de la scène précédente est retombée, et on ressent l'amour dans ses paroles. Il dit à Andromaque qu'il peut encore et sauver son fils, le libérer, et renoncer à l'hymen promis entre lui et Hermione. Il lui propose également : "Au nom de votre fils, cessons de nous haïr" ( v. 956 ).

Scène 8 :
Cet acte s'achève sur Céphise tentant vainement de convaincre Andromaque que Pyrrhus est un bon époux. Hélas, celle-ci ne l'aime pas, et n'en veut pas pour mari. Mais elle veut tout de même sauver son fils, et Pyrrhus est le seul à le pouvoir. A la fin de la scène, Andromaque demande à Céphise d'aller voir Pyrrhus, et ainsi s'élance un quiproquo de plusieurs répliques. Non pas seulement un malentendu entre Céphise et Andromaque pour savoir ce que cette-dernière veut dire à Pyrrhus, mais aussi un brouillage moral chez Andromaque elle-même. Au final, celle-ci se décide à ne plus vouloir parler à Pyrrhus, mais à aller "sur son tombeau consulter mon époux" ( le tombeau de Hector ).

ACTE IV

Scène 1 :
Andromaque prend une grande décision : elle va se sacrifier pour sauver son fils. Par amour, mais par orgueil surtout, laissant ainsi son fils à Pyrrhus, sachant que, selon elle, "en lui laissant mon fils, c'est l'estimer assez" ( v. 1112 ).

Scène 2 :
Hermione a appris que Pyrrhus, malgré lui avoir promis - selon elle, sincèrement - leur mariage, revoyait Andromaque, et n'en avait pas perdu l'amour pour cette-dernière. Cléone, de son côté, tente toujours de faire valoir son avis auprès de Hermione, à la fois triste et désespérée de la voir comme ça : Pyrrhus lui est néfaste, Oreste est un excellent époux.

Scène 3 : 
Hermione, désemparée et indignée, salie par l'acte de Pyrrhus, demande à Oreste d'aller immoler celui-ci. Au début, il refuse puis, convaincu, voire persuadé par les arguments de Hermione, il accepte et est prêt à devenir l'assassin de Pyrrhus, simplement pour pouvoir avoir la certitude d'être tout à Hermione, et vice versa.

Scène 4 : 
Hermione est déterminée et fière "de venger moi-même mon injure, retirer mon bras teint de sans du parjure" ( v. 1261 - 1262 ). Mais arrive le roi ( Pyrrhus ), à la fin de la scène. Prise de panique, Hermione ordonne à Cléone : "Ah ! Cours après Oreste ; dis-lui, ma Cléone, qu'il n'entreprenne rien sans revoir Hermione" ( v. 1273 - 1274 ). 

Scène 5 :
Cette scène, en elle-même, n'a pas de réelle importance : elle confronte Hermione et Pyrrhus, peut-être "pour la dernière fois" ( v. 1374 ). En revanche, elle est très intéressante du point de vue stylistique. En effet, déjà, rien qu'en regardant sa construction, on constate une égalité des paroles des deux personnages, ce qui insiste sur le fait qu'aucun ne prend le dessus. Ensuite, en faisant attention aux rimes, on observe que Hermione et Pyrrhus utilisent tous les deux "parjure" pour rimer avec "injure", ce qui prouve que, finalement, ils ne sont pas si "point faits dépendants l'un de l'autre" ( v. 1353 ). Enfin, sur le dernier vers ( v. 1386 ), l'expression "Va, cours" peut porter à croire que Racine a pris la réplique "Va, cours, vole [...]" du Cid de Corneille, mais avec un mot de la gradation en moins. Ce mot en moins insiste sur le fait que, bien que Hermione demande à Pyrrhus de partir, elle ne le souhaite pas entièrement, puisqu'elle pas sa requête à l'absolu. 

Scène 6 :
Cette scène est très courte, sans doute pour équilibrer avec la précédente. Ici, Phoenix semble indigné par la négligence qu'a portée Pyrrhus à Hermione. Mais Pyrrhus ne l'écoute pas, et le coupe : "Andromaque m'attend" ( v. 1392 ).

ACTE V

Scène 1 :
Hermione parle en monologue. Elle ne raconte pas quelque chose de précis, mais, dans un premier temps, elle décrit sa douleur amoureuse puis, ensuite, elle expose son esprit de vengeance et meurtrier. 

Scène 2 :
Cléone vient d'apercevoir Pyrrhus et Andromaque à l'autel. Ces huit interrogations de Hermione pour toutes réponses montrent son espoir que Pyrrhus n'aime plus Andromaque. Selon Cléone, il n'en est rien. Pour ce qui est de Oreste, "avec ses Grecs, dans le temple est entré" ( v. 1459 ), et Cléone soupçonne qu'il n'avait pas l'intention de tuer Pyrrhus. Alors Hermione décide de "troubler l'événement" ( v. 1487 ) elle-même. 

Scène 3 : 
Oreste a, contre toute attente, fini par tuer Pyrrhus, mais Hermione lui en veut d'avoir fait ça. On comprend là que le pauvre Oreste n'obtiendra jamais l'amour de Hermione, car celle-ci trouvera toujours à dire pour ne pas le lui offrir : elle lui demande de tuer Pyrrhus, il le fait, ça ne lui va pas ; il ne l'aurait pas fait, ç'aurait été le même résultat.

Scène 4 : 
Oreste crée ici un parallèle avec le monologue précédent de Hermione. En effet, celui-ci est également découpé en deux parties : d'abord, il décrit sa souffrance et, ensuite, il l'insulte d'ingrate et devient coléreux. Ceci crée une ressemblance entre les deux personnages, bien que Hermione le nie.

Scène 5 :
Dans cette ultime scène, Pylade veut faire prendre conscience à Oreste qu'il serait préférable de vite fuir, car la mort de Pyrrhus sera sûrement vengée. Or, lors de cette conversation, Pylade apprend à Oreste que Hermione, dans son malheur, s'est poignardée. Oreste ne veut pas fuir, et veut mourir puisque, maintenant, plus rien, plus personne n'est là pour lui donner foi en la vie. Il se voit déjà partir, et devient fou, puisqu'il aperçoit Pyrrhus ( mort ) et "à mes yeux Hermione l'embrasse", dit-il au vers 1633. Cette pièce finit donc avec le destin des quatre personnages principaux brisés : Oreste aime Hermione, qui est morte, suicidée, car elle aimait Pyrrhus, que Oreste a tué. Et Andromaque a perdu son nouvel époux - Pyrrhus -, et son fils n'a plus de père. Elle se suicidera.

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